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CE QU'APPORTENT LES LGBTQI[1] AUX HUMAINS


La société occidentale s'est organisée sur deux sexes biologiques (mâle, femelle) auxquels elle a fait correspondre deux sexes social (homme, femme), puis deux genres (masculin, féminin). Cette organisation sexuée autour de la procréation a produit une société hétérocentrée et hétéronormative au service des hommes. Toute personne qui ne correspond pas à ce classement sexué et ne rentre pas dans le rôle correspondant se voit marginalisée, exclue de la société. L'exemple des intersexes est assez éloquent. Avant que les techniques modernes de la chirurgie le permettent, on leur demandait de choisir un sexe et de s'y tenir sous peine d'être brûlé vif.

Il n'y a pas que deux sexes biologiques, (mâle et femelle):

La culture occidentale est dans l'erreur puisque, comme le montre Anne FAUSTO-STERLING (2001), il n'y a pas que deux sexes mais un continuum entre le mâle et la femelle. Ceci est illustré par les personnes intersexes. Un enfant sur 1000 à 2000 est concerné, ce qui est une proportion non négligeable.

Le sexe biologique est génétique, chromosomique, gonadique, hormonal, dont le résultat apparent est anatomique. A chaque étape de son développement, il peut prendre une direction ou une autre sous l'influence de divers facteurs, d'où des états intersexués très variés. Un autre exemple est celui de deux oeufs fécondés de sexes chromosomiques différents qui fusionnent avant leur 3ème jour, formant ainsi un embryon “mosaïque” ayant deux compositions chromosomiques différentes selon les parties du corps. A un endroit le caryotype sera XY, à un autre il sera XX. Il existe aussi des combinaisons “mosaïque” de caryotypes rares comme la combinaison de Klinefelter avec Turner. Toutes les variétés sont possibles mais elles ne sont pas toujours repérables et les pistes sont brouillées du fait que l'un des aspects peut prédominer à un moment de la vie et un autre aspect peut prédominer à un autre moment. Pourquoi penser qu'il s'agit de malformations plutôt que de tentatives d'évolution plus ou moins bien réussies de la “nature”! Les interventions précoces sur le sexe d'un enfant intersexe devrait être absolument réservées à la préservation de sa vie et l'amélioration notable de son bien-être physique.

Il n'y a pas que deux genres, (masculin et féminin):

Le genre est culturel et social, c'est ce qui est attribué culturellement au féminin et au masculin. Sandra BEM (1974) a montré que le masculin et le féminin ne sont pas les deux extrêmes d'une même échelle mais qu'il s'agit de deux échelles différentes qui sont présentes à des degrés variables chez chacun de nous. En général, une femme est plus féminine que masculine et un homme est plus masculin que féminin mais une femme n'est pas forcément féminine et un homme n'est pas forcément masculin. Chez chaque individu, la féminité cohabite plus ou moins avec la masculinité. Les niveaux de masculinité et féminité varient, fluctuent plus ou moins au cours du temps en chacun de nous en fonction des événements, des sentiments, des émotions que nous vivons. De même, nous exprimons plus ou moins ces féminité et masculinité dans notre façon d'être, notre comportement (façon de marcher, de parler...), notre apparence (vêtements, soins du corps...). Sandra BEM (1974) a mis en évidence différentes formes de genres. Tout en étant fluctuante, une des composantes du genre peut généralement dominer: féminin, masculin, androgyne (sorte d'équilibre entre le masculin et le féminin) et neutre (absence ou quasi-absence de masculin et de féminin). Sandra BEM (1974) a décrit quatre formes de genres mais la variété des combinaisons (niveau du masculin/féminin), donc des genres, fait écho à la variété des sexes biologiques. L'identité de genre est le fait de se sentir féminin, masculin, androgyne ou neutre.

Il n'y a pas que deux sexes social, (homme et femme):

Monique WITTIG (2001) dit que les lesbiennes ne sont pas des femmes au sens d'une société hétérocentrée et hétéronormative. Parce qu'elles sont lesbiennes, elles échappent au rôle de procréatrices au service de la famille et des hommes. Parce que les hommes ont besoin des femmes pour la procréation, ils les ont asservies et tentent de les maintenir sous leur domination. Il y a encore de nombreux pays où les femmes servent de monnaie d'échange, une soeur contre une épouse, une fille contre des biens (argent, terrains...). Cette société est organisée autour de la procréation. L'humanité n'étant plus en risque d'extinction (sauf catastrophe probablement provoquée par les humains), cette organisation de la société ne devrait plus avoir de raison de perdurer. Pour cela, il faut que les hommes acceptent de “lâcher” leur pouvoir sur les femmes et la société. L'exemple devrait être donné par les dirigeants mais l'expérience montrent qu'ils seront sans doute les derniers à s'exécuter. Plus ils sont élevés dans la hiérarchie, plus ils pensent qu'ils ont beaucoup à perdre. Hors c'est tout le monde, l'humanité, qui y gagnerait. Il ne s'agit pas de remplacer un pouvoir par un autre mais de parvenir à une réelle égalité entre touTEs.

Le sexe psychologique (sentiment d'être homme, femme, ni l'un ni l'autre, alternativement l'un ou l'autre, l'un et l'autre, ou alternativement une ou plusieurs des combinaisons précédentes) est indépendant du fait de se sentir masculin, féminin, androgyne ou neutre (identité de genre). Ces différents éléments peuvent évoluer au cours de la vie. Ce n'est pas pour autant qu'ils sont modifiables à volonté et dans le sens que nous souhaiterions (John COLAPINTO, 1997). Contrairement aux thèses de John MONEY[2], on ne peut pas “(re)programmer” le sexe psychologique. Au mieux on peut le questionner.

Les transsexuelLEs s'identifient comme hommes ou femmes et font tout pour rejoindre, au moins en apparence, la catégorie qui leur correspond. Les transgenres s'identifient comme alternativement homme ou femme, ou ni homme ni femme, ou homme et femme, ou le tout alternativement. Contrairement aux transsexuelLEs dont le sexe psychologique est stable, cette identité est fluctuante chez les transgenres. Certains ont pourtant besoin de rejoindre l'autre sexe social parce qu'il leur est plus confortable de vivre socialement dans cette catégorie. Leur vie est plus harmonieuse et plus épanouie. CertainEs transsexuelLEs après leur transition se vivent transgenres. Ils s'autorisent à vivre et exprimer leur genre (féminité, masculinité), y compris celui opposé à leur nouveau sexe.

Le sexe psychologique est ininterrogé par les non-trans parce que les personnes s'appuient sur leur sexe anatomique pour définir leur identité. Il n'y a que quand un décalage, une discordance entraîne un mal-être suffisamment important que ce questionnement a lieu. Si le sexe psychologique n'était pas une donnée masquée et qu'il était questionné au même niveau que l'attirance amoureuse et sexuelle (orientation sexuelle), nous serions surpris par la fréquence de la fragilité et de la fluctuation de certaines identités.

Tout comme il n'y a pas que deux sexes biologiques, il n'y a pas que deux sexes social, ni que deux genres. C'est ce que montrent les populations trans. Certains changent de sexe social, d'autres passent de l'un à l'autre. Généralement les transsexuelLEs changent de sexe anatomique, certainEs transgenres aussi. CertainEs transsexuelLEs et une majorité de transgenres prennent un traitement hormonal afin d'acquérir l'apparence de l'autre sexe mais ne souhaitent pas de chirurgie génitale. Des transgenres souhaitent avoir une apparence androgyne ou plus ou moins prononcé de l'autre sexe. Ils cherchent à faire correspondre leur corps à leur identité personnelle.

Si la psychothérapie peut aider à stabiliser un sexe psychologique variant et mal vécu, la stabilisation peut ne pas se faire du côté du sexe biologique. Elle peut aussi ne pas se faire du tout. Dans ce cas, il faut aider la personne à accepter ces variations et à les gérer.

Le sexe psychologique, l'identité de genre et l'attirance amoureuse et sexuelle non conformes à une société bisexuée (biologiquement et socialement), bigenrée et hétéronormative ne sont pas pathologiques. Ils s'expriment d'une façon douloureuse juste à cause de l'étroitesse et de la pauvreté des identités et des sexes possibles dans cette société.

Il n'y a pas que deux attirances amoureuses et sexuelles:

L'homosexualité remet en cause le primat ou la “naturalité” de l'hétérosexualité. Des pratiques “homosexuelles” sont observées chez les animaux et elles sont même courantes chez les singes, en particulier chez les bonobos.

L'homosexualité n'est qu'une attirance amoureuse et sexuelle parmi les autres (hétérosexualité, bisexualité, asexualité [sans attirance]...). Comment qualifier le fait qu'un trans FtM soit avec une lesbienne, avec un homme, avec une drag queen; qu'une butch (lesbienne “camioneuse”) soit avec une butch, avec une fem (lesbienne “féminine”), avec un gay; qu'un intersexe soit avec un homme, avec une femme, avec une transsexuelle...? Il s'agit avant tout d'une rencontre entre deux personnes (ou plus) quels que soient leurs statuts de sexe biologique, de sexe anatomique, de genre ou de sexe psychologique. On pourrait parler de “pluri-sexualité” plutôt que de définir hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, asexualité... C'est à dire qu'on pourrait ne plus classifier car cela n'est pas très utile (cela ne permet que des discriminations) et cela n'a pas vraiment d'importance (sauf pour les moralistes).

L'homosexualité n'est ni différente, ni meilleure, ni moins bonne, que les autres attirances amoureuses et sexuelles. Par ailleurs, cette attirance amoureuse et sexuelle peut varier au cours de la vie (Tom REUCHER, 2000). La morale des religions monothéistes est venue renforcer la domination masculine sur les femmes en vue de la procréation. La société hétéronormative fabrique majoritairement des hétérosexuelLEs. Sans cette forte contrainte à la “normalité”, il y a fort à parier que la généralité serait la plurisexualité et que les personnes strictement homosexuelLEs ou hétérosexuelLEs seraient minoritaires.

Conclusion:

La République française, en ne questionnant pas la différence des sexes, est passée à côté d'une véritable société universelle au sens queer (Maxime FOERSTER, 2003). Après la révolution française et après qu'elles y ont participé, les hommes ont renvoyé les femmes dans leur foyer. Elles sont restées des sous-citoyennes. Nous parlerions de «droits humains» et non pas de «droits de l'Homme» et la constitution dirait que «tous les humains naissent libres et égaux en droit». Cette différence des sexes est restée complètement ininterrogée tellement elle semble aller de soi. L'existence des mouvements trans, intersexes et queer finissent par rendre obligatoire ce questionnement. Les langues, les lois, portent les valeurs des cultures. C'est pourquoi la France se doit d'inscrire dans la loi des dispositions spécifiques contre le sexisme, l'homophobie et la transphobie, comme elle l'a fait contre le racisme et l'anti sémitisme. A cause de ce “loupé” du départ qui a entériné des modes de pensées et des comportements, les choses se font dans la douleur et avec une mauvaise volonté. Des mouvements communautaristes se constituent pour faire entendre leur voix, pour obtenir les mêmes droits que les hommes hétérosexuels blancs...

Le vocabulaire à notre disposition pour rendre compte des ces multitudes est pauvre et reste à inventer. J'ai jeté ici quelques bases qui restent à développer. Ma compréhension de ces questions a encore évolué depuis mon mémoire de DESS (Tom REUCHER, 2002).

Le degré de civilisation d'une société se mesure à sa capacité à intégrer les populations situées aux marges d'une courbe de gausse (en cloche) par rapport à la “normalité”. Ce sont ces populations qui font évoluer les “normes” d'une société. En conséquence, nous avons tout intérêt à connaître et respecter les populations marginales. Je pense à une société libertaire, une société qui permette à chacunE d'y avoir une place.


Tom REUCHER, psychologue clinicien, trans FtM


Notes:

[1]  Lesbiennes, Gays, Bis, Trans', Queers et Intersexes.

[2]  La théorie de John Money est fausse. La preuve est donnée par son cas princeps: John/Joan, sur lequel il a construit toute sa théorie, dont voici un résumé ci-dessous, [Milton DIAMOND, Keith SIGMUNDSON, 1997], [John COLAPINTO, 1997, 2000], [Anne FAUSTO-STERLING, 2001], [Katie CHALMERS, 2004]. Je précise qu'à cette époque personne ne faisait la distinction entre sexe psychologique et identité de genre, les deux étaient englobés et appelés identité de genre.

A la suite d'une circoncision ratée à 8 mois, David devient le sujet d'une expérience surnommée le cas John/Joan dans les années 60 et 70.

Janet, sa mère, témoignait récemment de sa colère contre John MONEY qui l'a convaincue, elle et son mari, Ron, de donner des hormones féminines à leur fils, et de l'élever comme une fille, Brenda.

Cette transformation de sexe a été rapportée comme un succès et la preuve que les enfants ne sont pas par nature féminins ou masculins mais socialisés par l'éducation pour devenir des filles ou des garçons. Brian, le frère jumeau homozygote de David offrait aux chercheurs un sujet de contrôle parfait. Les parents n'ont jamais été informés qu'il s'agissait d'une expérience, que c'était la première fois qu'une telle chose était faite sur un enfant sans “anomalie” génitale.

En 1965, John MONEY dirige le département de recherche psycho hormonal à l'université John Hopkins depuis plus d'une dizaine d'années. Cette clinique étudie et traite les enfants intersexes.

Milton DIAMOND récemment diplômé de l'université du Kansas pense que si les intersexes souffraient d'un déséquilibre génétique ou hormonal in utero, cela pouvait seulement signifier que les cellules de leurs cerveaux avaient subi, in utero, une ambiguïté de différentiation sexuelle semblable à celle des cellules de leurs parties génitales. En bref, les intersexes ont des possibilités innées et neurologiques pour les deux voies (femelles ou mâles), une capacité que les enfants génétiquement normaux ne partagent probablement pas. Milton DIAMOND, qui a été employé comme professeur de biologie à l'université d'Hawaï, a continué ses recherches de laboratoire sur l'organisation du système nerveux sexuel avant la naissance. Ses études l'avaient convaincu que ni les intersexes ni les enfants normaux ne naissent psychosexuellement indifférenciés, une conviction qui l'alarme sur la pratique grandissante de la réassignation sexuelle infantile. Il était convaincu que la conversion sexuelle d'un enfant en bas âge non-intersexe était impossible mais il n'avait aucune preuve.

Brian et David, deux jumeaux homozygotes (issu du même oeuf), sont nés en 1965. Après quelques mois, les deux jumeaux ont des difficultés pour uriner à cause d'un phimosis (rétrécissement du prépuce, peau qui recouvre le gland). Pour que leur urètre ne soit plus comprimé, il faut enlever ce prépuce. Lors de la circoncision (enlèvement du prépuce), David perd son pénis, il a alors 8 mois. A 17 mois, il a première consultation chez John MONEY avec toute sa famille. Après avoir beaucoup réfléchi, ses parents décident de faire confiance à John MONEY. A 22 mois, David est castré, on transforme son scrotum en petite et grande lèvres et entrée de vagin, on modifie la position de son urètre. Pour John MONEY, la limite d'une réassignation sexuelle est un peu après 2 ans.

Malgré cela et la contrainte que les adultes exercent sur lui, parce qu'il trouvait que c'est plus facile, David urinait debout chaque fois qu'il n'y avait pas quelqu'un pour le surveiller. A cause de cela, les filles comme les garçons ne voulaient pas de lui dans leurs toilettes ce qui l'obligeait à aller dans une contre allée. Durant toute sa scolarité, il a été rejeté par les enseignants et les autres enfants. Sa scolarité a été désastreuse. Il a plusieurs fois été signalé à la Child Guidance Clinic qui s'occupe des problèmes des enfants, tout comme nos PMI et CMP enfants. Dans ce cadre, il voit Dr M. une psychiatre à partir de 11 ans. Lorsque quelques années plus tard elle déménage, elle adresse David à Keith SIGMUNDSON un autre psychiatre.

Malgré la bonne volonté de ses parents pour appliquer le programme de John MONEY, David a dès le début résisté à cette assignation forcée et étrangère à sa nature profonde. Vers l'âge de 8 ans, les jumeaux ont commencé à refuser d'aller à la visite annuelle chez John MONEY. Le comportement (geste, façon de parler...) de David est masculin son physique est plus fin que celui de son frère Brian. A 9 ans, John MONEY dit à David qu'il lui faut un vagin pour être une vraie fille. David refuse toute nouvelle intervention. A 11 ans on lui demande de prendre des hormones féminines. Il refuse, il ne voulait pas avoir de seins. Il menace de se suicider si on l'oblige à continuer de voir John MONEY. A 12 ans David prend des hormones féminines pour faire plaisir à ses parents et parce qu'on lui dit que sans cela ses membres ne se développeront pas normalement. Il ne sait pas que c'est John MONEY qui les prescrits.

Il est suivi par Keith SIGMUNDSON, psychiatre, et un endocrinologue locaux. Ils appliquent le programme de John MONEY. Mais devant l'évolution de David, ils finissent par se poser des questions. A l'hiver 1979, David a 14 ans. Il refuse un examen des seins qui se sont développés et son endocrinologue lui demande s'il veut être une vraie fille. David dit non. Le médecin informe les parents qui décident de lui dire la vérité sur son passé, ce qu'ils font le 14 mars 1980. David en est soulagé, il comprend mieux pourquoi il se sentait bizarre. Il décide de reprendre son identité masculine de prendre des hormones mâles. Entre 15 et 16 ans, il a une mastectomie et une première phalloplastie décorative qui lui permet seulement d'uriner. Il a une période difficile parce qu'on se moque à nouveau de lui pendant plusieurs mois à la suite d'une histoire amoureuse qui fini mal et où tout le monde apprend l'histoire de sa circoncision et de la perte de son pénis, histoire qu'il avait confié à sa petite amie. Suite à ça, il a fait deux tentatives de suicide. A 21 ans il a une seconde phalloplastie (du type DAVERIO-MEYER) qui, en plus d'uriner, lui permet des relations sexuelles avec orgasme. Il a un bon travail qui paie bien. A 23 ans, il rencontre une femme de 26 ans qui a 3 enfants de pères différents et qui les élève seule. Ils se marient 2 ans plus tard et David devient le père adoptif des enfants de sa femme.

A 63 ans, Milton DIAMOND réussi à retrouver le psychiatre Keith SIGMUNDSON qui suit le traitement psychiatrique de David. En 1997, ensembles ils publient un article qui démontre l'échec de la transformation de David en Brenda et de l'erreur de la théorie de John MONEY qui continuait à qualifier ce cas de succès (Milton DIAMOND & Keith SIGMUNDSON, 1997). Un millier de transformation de garçons en filles avaient déjà été réalisée depuis 1967. David souhaitait arrêter cela. Le cas de David a confirmé à Milton DIAMOND l'évidence que l'identité de genre était construite in utero Pour David, 12 années d'efforts des parents, psychologues, psychiatres, chirurgiens et endocrinologues n'ont pas pu la modifier. Le conservatisme des professionnels de santé concernés fait que la réassignation s'est poursuivi pendant plusieurs années encore après la publication de cet article.

La publication la même année de l'article de John COLAPINTO, un journaliste indépendant, dans le magazine Rolling Stone n'a pas suffit. Il a fallu aussi la création d'association d'intersexes dont Cheryl CHASE est le fer de lance pour que cette pratique soit réellement remise en question ainsi que la publication en 2000 du livre de John COLAPINTO et la médiatisation qui s'en est suivie. John COLAPINTO avait proposé à David de raconter l'histoire réelle. Cela a été difficile mais David voulait sauver d'autres enfants d'un sort similaire. Alors qu'il avait parlé anonymement par le passé, David a été projeté dans un tourbillon médiatique après la publication du livre.

David est récemment tombé en dépression après avoir perdu son emploi et s'être séparé de son épouse. Quotidiennement, David visitait la tombe de son frère. Il pleurait encore Brian son frère jumeau mort deux ans plus tôt. La cause du décès n'a jamais été confirmée mais sa mère suspecte qu'il pourrait s'agir d'une overdose de médicaments dont Brian avait besoin pour traiter sa schizophrénie.
David a mis fin à ses jours, il est décédé le 4 mai 2004 à l'hôpital Saint Boniface, il avait 38 ans.


Bibliographie:

BEM Sandra L., (1974), The measurement of psychological androgyny, in Journal of Consulting and Clinical Psychology, Vol 42, n° 2, pp. 155-162.
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CHALMERS Katie, (2004), At end to boy/girl life. Subject of gender experiment, in Winnipeg Sun, lundi 10 mai 2004.
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COLAPINTO John, (2000), As Nature Made Him: The Boy Who Was Raised as a Girl, Harperperennial Library. ISBN: 0060929596.
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COLAPINTO John, (1997), The true story of John/Joan, in Rolling Stone, n°775, 11th december 1997, pp. 54-97.
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DIAMOND Milton, SIGMUNDSON Keith, (1997), Sex-reassignment at birth: Long-term review and clinical implications, in Archives of Pediatric and Adolescent Medecine, march 1997, n°151, pp. 298-304.
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FAUSTO-STERLING Anne, (2001), La fin programmée du dimorphisme sexuel, in La recherche, Hors série n°6, Sexe. Comment on devient homme ou femme, novembre 2001, pp. 58-62.
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FOERSTER Maxime, (2003), La différence des sexes à l'épreuve de la République, L'Harmattan, 126 p.
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REUCHER Tom, (2000), La sexualité des “transsexuels” (syndrome de Benjamin). Approche ethnopsychiatrique, mémoire de Maîtrise de psychologie clinique et pathologique, sous la direction de Nathalie ZAJDE, Université Paris 8, 110 p., et Annexes, 129 p.,
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REUCHER Tom, (2002), Ethnopsychiatrie, théorie queer et “transsexualisme” (syndrome de benjamin): pratiques cliniques, mémoire de DESS de psychologie clinique et pathologique, sous la direction de Françoise SIRONI, Université Paris 8, 72 p.,
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WITTIG Monique, (2001), La pensée straight, (Modernes), Balland, 157 p.
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Mis en ligne le 22/10/2003. Mis à jour le 31/07/2004.


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